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Décès - Jean-Jacques PAYAN nous a quittés
C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de Jean-Jacques Payan le jeudi 5 juin 2025, à l’âge de 90 ans.
Grenoblois, agrégé de mathématiques et docteur ès-sciences en sortant de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, il a débuté sa carrière à Orsay en 1959, avant de rejoindre l’université de Grenoble qu’il a présidée à deux reprises, en 1981, puis de 1987 à 1989, où il a laissé le souvenir d’un homme “qui tirait ses collaborateurs vers le haut”. Nommé directeur du Centre interuniversitaire de calcul de Grenoble en 1978, directeur général du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en 1981, directeur général des Enseignements supérieurs et de la Recherche, le professeur Payan a marqué de son empreinte l’enseignement supérieur hexagonal.
En octobre 1988, à la demande de Raymond H Lévy, PDG de Renault, il devient directeur de la Recherche (DR), poste qu’il assura jusqu’en septembre 1998. « Si vous ambitionnez un prix Nobel, votre place n’est pas ici. Ici, on se soucie du client », avait-il coutume de dire aux nouvelles recrues. Il a su dynamiser la DR et la faire travailler sur des sujets concernant directement les clients et les nouvelles technologies, réaliser des démonstrateurs et les montrer, notamment lors de journées de la recherche à Aubevoye. Citons quelques exemples parmi les nombreux projets phares menés sous sa direction : projet Hymne, prototype de véhicule utilitaire à propulsion hybride ; programme Eureka Elegie de composants pour le véhicule électrique (VE) ; présentation de “La Renault Elektro Campus”, initiatrice de la Formule E ; étude Airbus EV en coopération avec deux autres constructeurs généralistes européens d’un VE ; projet X01 d’un VE optimisé en se basant sur Elegie (en 1998, ce prototype a permis à un journaliste d’aller déjeuner à Trouville et revenir dans la journée, à l’instar de Louis Renault en 1898 avec sa voiturette) ; projet Fever d’un prototype Laguna à pile à combustible à hydrogène ; programme de véhicule hybride à turbine sur base Espace avec Volvo UT prenant la suite du programme européen Agata. Certains travaux n’ont cependant pas abouti en série sur le champ, car le contexte n’était pas encore assez mature. En revanche, des développements sur les matériaux ont conduit aux ailes de la Clio en Noryl GTX (composite flexible), à l’industrialisation des autobus au gaz pour Renault Véhicule Industriel (RVI), à des petites séries de Clio et d’Express électriques (quelques milliers), à la conduite automatique avec un démonstrateur capable de faire les créneaux de stationnement, au guidage automatique des tracteurs agricoles dans les champs, à l’expertise technique ayant permis dès 1997 la commercialisation sur Safrane du premier système GPS appelé Carminat (pour lequel, BMW versait des royalties à Renault). Pendant ses 10 années chez Renault, il a aussi favorisé les coopérations industrielles, notamment avec d’autres constructeurs au sein d’Eucar, tout en préservant la propriété intellectuelle et industrielle en incitant au dépôt de demandes de brevets.
Il a milité pour le développement d’une stratégie en sécurité routière en assurant la croissance du Laboratoire d’Accidentologie et de Biomécanique commun avec Peugeot, a noué des coopérations avec le Conservatoire national des Arts et Métiers sur l’électrochimie, avec le CNRS avec les études d’impact environnemental des VE, avec l’école d’électrotechnique de Grenoble dont le club des élèves a restauré une Dauphine électrique récupérée aux USA ; il a initié la création d’un laboratoire franco-brésilien à Curitiba et la location de VE en libre-service concrétisant le souhait de Louis Schweitzer que l’entreprise soit autant “architecte de la mobilité qu’architecte de l’automobile”. Il a créé une Clio Williams totalement électrique engagée avec succès en 1997 au Rallye des Énergies Nouvelles, course se déroulant en parallèle du traditionnel Rallye de Monte-Carlo.
La DR a été un précurseur de l’alliance avec Volvo, et il s’est attaché à tirer les conséquences de cette aventure, hélas avortée, mais instructive.
Il a ensuite été chargé de l’organisation des réseaux de recherche technologique par le ministre de l’Éducation nationale, Claude Allègre.
Derrière la face publique de ce scientifique au parcours brillant se profilait un esprit libre, un homme de cœur et de conviction attaché à la parole donnée et soucieux de promouvoir l’égalité des chances avec la générosité et l’humilité qui le caractérisaient.
Jean-Jacques Payan était chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre national du mérite et commandeur des Palmes académiques, récompensant ainsi un homme visionnaire, chez Renault comme dans la fonction publique, dynamique, enthousiaste à comprendre et à progresser, soucieux d’efficacité, mais chaleureux avec ses collaborateurs, créant des équipes solidaires et heureuses de travailler avec lui.
RENAULT HISTOIRE exprime ses plus sincères condoléances à son épouse, sa famille et à tous ceux qui lui sont chers.
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